Une Vie dans le Christ: Dina Belanger Autobiography and Testimonies (French) Vol. 1

La Collection de concordance Saint-Joseph est heureuse de présenter une transcription du volume 1 de la Bienheureuse Marie Sainte-Cécile de Rome (Dina Bélanger) Une Vie dans le Christ, aussi connue sous le nom d’autobiographie. Volume 1 couvre son enfance à son temps dans le noviciat. Trois brefs articles en anglais sur le journal de Sainte Faustine ont été inclus à l’arrière.

Copyright Saint Joseph’s Concordance Collection 2023

Table of Contents

I Généalogie de Dina Bélanger

Milieu Natal — Les Premières Années

Origin Du Cantique D’Action De Grâces

II Extraits Du Cantique D’actions De Grâces – Prime Enfance

III Premières Années D’études De six à dix ans (1903-1907)

IV Quelques Témoignages Relatifs À La Naissance Et À L’enfance De Dina Bélanger

V De dix à Douse Ans (1907-1909)

VI De Douse à Quatorze Ans (1909-1911)

VII Quelques Témoignages sur les Années D’études au Couvent de Jacques-Cartier

VIII De Quatorze à Seise Ans (1911-1913)

IX Quelques Témoignages Dina Bélanger à sur le Séjour de Bellevue

X De Seûe à Dix-Neuf Ans (1913-1916)

XI De Seize à Dix-Neuf Ans (suite)

XII De Dix-Neuf à Vingt et Un Ans (1916-1918)

XIII Lettres de New-York

XIV Témoignages de New-York

XVa De Vingt et Un à Vingt-Quatre Ans (1918-1921)

XVb De Vingt et Un à Vingt-Quatre Ans (Suite)

XVI Quelques Témoignages Sur la Vie de Dina Bélanger Durant ses Dernières Années Dans le Monde

XVII Le rôle de la Volonté dans la Vie de Dina Bélanger

XVIII “Jésus-Marie”

XIX Le Postulat (11 août-2 septembre 1921)

XX Au Noviciat (septembre 1921-février 1922)

XXI Au Noviciat (Suite) 15 février-15 août 1922

XXII Au Noviciat (Suite) 15 août 1922

XXIII Au noviciat (Suite)

XXIV Au Noviciat (Suite et Fin) juin-août 1923

Une Vie dans le Christ

Marie Sainte-Cécile de Rome (Dina Belanger) [1897-1929] Religieuse De Jésus-Marie

Autobiographie et Témoignages Tome I Enfance et Jeunesse

Texte Publié et Annoté Par Dom Léonce Crenier, O.S.B. Prieur de Saint-Benoit-du-Lac

Préface de Mgr. Camille Roy, P.A.V.G. Recteur de L’Université Laval, Québec

Nihil Obstat quin opus cui titulus: “Marie Sainte-Cécile de Rome, religieuse de Jésus-Marie (1897-1929), Autobiographie et témoignages, texte publié et annoté par Dom L. Crenier” prelo mandetur

Fr. L. Chambat, O. S. B. lector S. Theologicae.

Saint-Wandrille de Fontenelle (S. Infre) 21 juin 1934.

Imprimi Potest: Fr. Johannes-Ludovicus Perdalt Abbas Sancti Wandregisili de Fontanella, Datum in Abbatia nostra Sancti Wandregisili de Fontanella, die 21 mensis Junii 1934.

Imprimatur.

Quebeci, die 29a Junii 1934.  J. M. Rodericus Card. Villeneuve, O.M.I. Arch. Quebecensis

Déclaration de L’Auteur:

   Conformément au décret du Pape Urbain III, nous déclarons qu’en employant dans cet ouvrage le mot saint, nous n’entendons nullement prévenir les décisions de la sainte Église, à laquelle nous demeurons inébranlablement soumis.

   Archevêché de Québec. Le 21 février 1931.

Révérende Mère Saint-Pierre Claver, Provinciale des Religieuses de Jésus-Marie, Sillery.

Ma révérende Mère,

   C’est avec le plus vif intérêt et la plus grande édification que j’ai parcouru les notes sur la vie intérieure de l’une de vos jeunes religieuses, rappelée à Dieu depuis un an et demi environ.

   Ces pages rayonnantes de foi et d’amour divin nous révèlent l’action de plus en plus profonde de Notre-Seigneur dans l’âme de sa “ petite épouse La lecture, et même la méditation de ces écrits ne peut être que bienfaisante, spécialement aux âmes consacrées au Seigneur.

   Dieu veuille multiplier ces vies généreuses et immolées dans votre belle Congrégation et au sein de son Église!

   Je vous bénis, ma révérende Mère, ainsi que toutes vos sœurs, et je me recommande instamment aux prières de votre fervente communauté.

Fr. R.-M. Card. Rouleau, O.P., Arch, de Québec.

—————————————————–

   Archevêché de Québec. Le 31 mai 1934, en la Fête-Dieu.

Dom Léonce Crenier, O.S.B., Prieur des Bénédictins, Saint-Benoîi-du-Lac.

Mon révérend et cher Père,

   Je n’ai pu lire en entier l’ouvrage que vous voulez bien m’offrir en dédicace. Néanmoins, les censeurs m’en ont fait un rapport favorable, et j’en connais suffisamment la substance pour ne douter point qu’il fera beaucoup de bien aux âmes religieuses et à celles qu’anime dans le monde l’amour de Notre-Seigneur.

   Le temps n’est pas venu de porter un jugement formel sur les vertus et les états de Sœur Sainte-Cécile de Rome. Mais, il est loisible de s’édifier de ses pensées et de ses vertus. Et je ne puis que vous remerciez et vous louer d’avoir favorisé cet objet par un livre qui mettra en lumière la vie intérieure de l’une des chères filles du diocèse de Québec, laquelle parait avoir été, à Sillery, un joyau caché de l’Institut des Religieuses de Jésus-Marie dont je connais singulièrement le zèle et les mérites, et que je suis heureux de bénir en même temps que vous-même. Agréez mes très pieux sentiments en Notre-Seigneur et Marie Immaculée.

J.-M.-Rodrigue, Card. Villeneuve, O.M.I., Arch, de Québec.

Préface

   Une âme consumée clans la souffrance et clans l’amour de Notre-Seigneur: voilà ce que raconte l’ouvrage que l’on va lire.

   Cette âme est celle d’une religieuse canadienne. Elle a vécu tout près de nous, parmi nous, dans notre ville de Québec, puis dans ce couvent de Jésus-Marie, à Sillery, où elle s’est offerte en holocauste, où elle s’est toujours davantage sanctifiée dans les commerces avec Dieu, et où, à travers les ombres de nos lumières terrestres, elle s’est plongée dans les ravissements de la très sainte Trinité.

   Il faut être reconnaissant aux Religieuses de Jésus-Marie d’avoir voulu faire mieux connaître cette sœur qui vécut avec elles, et qui les édifia par ses vertus héroïques. Maintenant que la mort a brisé la porte de son cloître, elle peut, elle doit aller par le monde répandre le bienfait de son exemple, et celui-là, très précieux, de sa doctrine spirituelle.

   Notre société a vraiment besoin qu’on lui fasse connaître des âmes qui lui rappellent le sens de la vie, des âmes toutes prochaines qui lui montrent, vivantes et nécessaires, des vertus qu’elle croit superflues ou impossibles à pratiquer.

   L’on dirait, d’ailleurs, que Dieu, quand il paraît plus délaissé par un monde qui cherche davantage hors de Lui son bonheur, se plaît à multiplier les saints et les saintes, ceux-là qui cherchent en Lui leurs meilleures joies, et qui paraissent, qui sont vraiment et complètement heureux. Notre Province de Québec, notre pays du Canada en est lui-même tout rempli de ces âmes supérieures, trop ignorées de la foule, qui édifient de leurs vertus précoces les témoins de leur vie quotidienne. En ces derniers temps, partout autour de nous, nous avons vu surgir la merveille des jeunes saints: jeunes gens, jeunes filles, jeunes religieux, jeunes religieuses, enfants même, qui n’ont vécu que pour aimer et servir Dieu. C’est la grande merveille des lys ! la merveille des âmes vierges qui se sont offertes comme des fleurs parfumées sur l’autel aussitôt brisé de leur matinal sacrifice, et dont l’odeur de sainteté purifie déjà l’atmosphère de la vie contemporaine.

   Marie Sainte-Cécile de Rome fut l’une de ces âmes privilégiées. Née pour la vie religieuse, pour le don total de soi-même à l’Époux mystique des vierges, elle parut aussi pour être un exemple, pour faire rayonner, au cloître d’abord, et jusque dans le monde ensuite par la renommée de sa vertu, l’idéal surnaturel dont le monde a tant besoin. Éclose au sein de l’une de nos familles si profondément chrétiennes de Québec, transplantée, à vingt-quatre ans, aux parterres spirituels du couvent de Sillery, elle fut vraiment la fleur mystique qui convient aux autels de Jésus et de Marie ; elle fut surtout une âme recueillie, immolée, victime, une âme comme il en faut aujourd’hui pour réagir, par le spectacle de la vertu, contre la dissipation, l’égoïsme et la volupté.

   Peut-être que ce spectacle lui-même n’eût été offert qu’à Dieu et aux anges, si Marie Sainte-Cécile de Rome n’avait reçu un jour de sa supérieure l’ordre de raconter ses états de vie spirituelle. Elle se soumit à l’ordre donné, malgré les profondes répugnances de son humilité; et cet acte d’obéissance nous a valu l’autobiographie dont on lira dans ce livre d’abondants extraits. Notre-Seigneur lui-même lui avait dit un jour que par ses écrits elle ferait beaucoup de bien dans le monde. Ce sont, en effet, ces écrits qui ont révélé au monde le secret de sa vie, l’enseignement de sa doctrine.

   Entre tous les enseignements qui se dégagent des cahiers de Marie Sainte-Cécile de Rome, il y a surtout celui-ci: l’appréciation souveraine qu’il faut faire des valeurs spirituelles.

   Si nous le signalons d’abord, c’est qu’il est le plus opportun de tous ceux que l’on peut rappeler à notre société frivole, chercheuse de biens temporels, oublieuse des richesses, des valeurs éternelles.

   Marie Sainte-Cécile de Rome a voulu par-dessus tout posséder Dieu. Ce fut l’immense fortune qu’elle n’a cessé d’accroître, cherchant par la méditation et la contemplation à augmenter en elle ce don de Dieu. “ Je possède les richesses de l’Infini par Notre-Seigneur substitué à mon être,” écrivait-elle un jour. Elle est allée jusque-là, en effet, dans son union à Dieu, et dans ce don de Dieu à elle-même; elle est allée jusqu’à la substitution doucement éprouvée et constatée du Christ à elle-même. Elle rejoint ainsi saint Paul qui exprimait comme l’on sait le phénomène de son incorporation mystique à Notre-Seigneur: “ Ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus qui vit en moi.” Et Notre-Seigneur dira un jour à Marie Sainte-Cécile de Rome: “Tu ne me posséderas pas plus au ciel, car je t’ai absorbée tout entière.”

   Posséder Dieu, s’anéantir en Lui, lui ‘faire prendre toute la place dans nos âmes, c’est bien l’état le plus élevé de la perfection chrétienne; c’est bien aussi la richesse la plus précieuse que nous puissions convoiter. C’est d’ailleurs ce que le monde ne comprend guère, occupé qu’il est à poursuivre de ses appétits les biens matériels, les biens qui passent, et qui laissent aux âmes des traces si profondes de déception.

   Cette richesse surnaturelle, Marie Sainte-Cécile de Rome ne voulut pas en jouir en égoïste. Et l’on trouve dans ses cahiers la doctrine si intéressante de l’utilisation de Dieu.

   Elle utilise d’abord son union à Notre-Seigneur pour rendre gloire à la sainte Trinité, pour répondre, par cette offrande de l’amour de Jésus, brûlant son cœur, à l’éternelle charité des trois Personnes divines. Elle utilise Dieu aussi, pour obtenir de lui sa propre perfection, et le salut, la sanctification des autres âmes. Elle se complaît, comme notre Marie de l’Incarnation, dans les contemplations de la Trinité sainte, mais c’est, comme elle aussi, pour transformer aussitôt en apostolat surnaturel ces mouvements de son âme vers l’auguste Divinité.

   Et si cet exemple et ces leçons ne sont pas  généralement accessibles aux personnes du monde, ils le  doivent être aux personnes consacrées à Dieu, à celles qui  voudront lire et relire l’autobiographie de Marie Sainte-Cécile de Rome.

   La jeune religieuse enseigne à ces personnes consacrées à Dieu, comme aussi aux personnes du monde, la pratique de l’apostolat de la souffrance. Cette mystique fut une grande victime de la douleur. Et elle oppose ainsi à l’avidité des jouissances sensibles, qui est la soif désordonnée des âmes d’aujourd’hui, le désir de souffrir, l’acceptation des épreuves qui crucifient la chair.

   Marie Sainte-Cécile de Rome avait demandé comme cadeau, à Jésus, le jour de sa vêture, un calice spirituel contenant les instruments de sa Passion. Au jour de la profession religieuse, Notre-Seigneur lui donna ce calice splendide, débordant des trésors, des mérites de la Passion, et dans lequel elle devait verser elle-même sa propre souffrance. A partir de ce moment, elle participa aux souffrances du Cœur de Jésus agonisant, et elle accepta avec le sourire des victimes de l’amour divin, toutes les douleurs que sa vie brève, pénible, broyée, devait lui apporter.

   Comme il est bienfaisant, à notre époque de sensualisme, de naturalisme païen, ce spectacle d’une âme qui expie, et qui trouve dans l’expiation, dans l’acceptation des épreuves, la joie que d’autres cherchent dans les décevants excès de la jouissance!

   C’est par ce spectacle, comme par tous les autres de sa vie religieuse, que Marie Sainte-Cécile de Rome est un modèle que l’on peut proposer à tous les âges de la vie.

   La pieuse enfant de la paroisse de Jacques-Cartier de Québec, qui fut l’ornement précieux du foyer familial, l’élève du couvent de Bellevue, qui demandait à Dieu en entrant au pensionnat la grâce suprême de n’y jamais commettre la moindre faute vénielle volontaire, la jeune artiste qui, à New-York, sut accorder avec sa piété jamais diminuée les exigences de ses études musicales, la religieuse de Jésus-Marie qui devint une si grande mystique, l’une des vierges du cloître qui ont pénétré le plus avant au cœur de l’Époux: tous ces personnages qui successivement prennent forme dans la vie de Dina Bélanger, sont assurément des modèles qu’il est bon d’offrir en imitation aux enfants, aux jeunes filles, à toute jeunesse chrétienne, à toutes personnes du monde, et très spécialement aux âmes consacrées à Dieu.

   Ce fut d’ailleurs pour ces âmes que Marie Sainte-Cécile de Rome pria davantage. Ce fut pour suppléer à leurs insuffisances qu’elle s’offrit si généreusement en sacrifice. Elle apprit de Notre-Seigneur lui-même combien la tiédeur, la négligence, la dissipation, le manque de recueillement et de méditation de ceux-là que Jésus a choisis pour être ses ministres ou ses épouses, font souffrir son Cœur. Puissent les âmes sacerdotales et religieuses apprendre, en lisant ce livre, à mieux servir un Maître à qui elles se sont données! Puissent-elles se souvenir, au spectacle des joies si profondes de cette élue, que c’est en Dieu qu’elles doivent chercher elles-mêmes, et tout à la fois, l’efficacité de leur apostolat et le bonheur de leur vie.

   Que Marie Sainte-Cécile de Rome, qui revit dans les pages du livre qu’on va lire, soit parmi nous mieux encore qu’un lys virginal qui parfume les cloîtres et le monde, qu’elle soit un exemple qui rappelle toujours le sens surnaturel de la vie, qui exalte la Beauté infinie vers laquelle doivent monter toutes les âmes qui cherchent le bonheur.

Camille Roy, ptre.

Avant-Propos

Dans une brochure publiée en 1929, nous écrivions:

   “La sainteté est comme une montagne aux cimes racheuses, baignées dans la lumière du paradis; nous admirons les êtres privilégiés établis pour toujours sur les sommets; mais ce qui nous intéresse par-dessus tout, c’est ‘’de savoir comment ils y sont arrivés, quels chemins ils ont suivis. Nous ouvrons donc la “Vie” de ces bienheureux personnages; mais, souvent, quelle déception! Ils ne sont point “arrivés” sur les sommets de la sainteté: ils y ont toujours été. De chemin pour aller les retrouver, il n’y en a point; ils n’ont pas eu d’ascension à faire, ou bien leur point de départ est déjà inaccessible pour nous: ils se sont toujours mus sur les hauteurs… Alors, beaucoup referment mélancoliquement le livre en concluant: Rien à faire! Ce n’est pas même la peine d’essayer…”

   Nous repensions à ces lignes un jour de septembre 1933, en revenant de Québec, où nous étions allé faire une enquête sur Marie Sainte-Cécile de Rome. Nous avions recueilli en différents milieux des témoignages manifestement sincères et désintéressés, qui concordaient pour attester chez cette âme une si constante et si parfaite fidélité à la grâce, que nous sentions s’écrouler une de nos opinions, à savoir que les auteurs de “ Vie de Saints” avaient peut-être pu exagérer un peu les vertus de leurs personnages, taire leurs fautes, jeter le voile sur quelques-uns de leurs défauts. . .

   En effet, dans toute la vie de cette jeune religieuse, nous n’avions pu réussir à apercevoir l’ombre d’un péché véniel délibéré. Elle nous donnait l’impression d’une continuité de vertu et même d’héroïsme que, jusqu’alors, nous n’eussions pas crue possible à ce degré, tellement que, lorsque nous lisions, dans certaines “ Vies de Saints”, la description d’une de ces vertus sans défaillance, nous restions un peu sceptique.

   Ce qui nous étonnait davantage, c’était de constater que l’impression produite par une telle vie n’était point décourageante, comme nous nous l’imaginions à priori. Nous constations au contraire que cette perfection, attestée par tant de témoins, par tant de souvenirs encore tout palpitants de vie, excitait dans les cœurs une puissante componction, un immense regret de n’avoir pas mieux servi le Seigneur dans le passé, et un vif désir de rattraper le temps perdu, en courant sur les traces de cette âme.

   Son autobiographie nous avait grandement édifié; mais le témoignage unanime que portaient sur elle tous ceux qui l’avaient connue nous touchait encore davantage, et nous trouvions ses vertus beaucoup plus admirables que ses écrits. Ce sont elles que, pour le moment, nous voudrions essayer de mettre dans le relief qu’elles méritent. Nous allons nous efforcer de le faire sans artifices littéraires, sans verbiage inutile.

   Notre-Seigneur a promis à Mère Sainte-Cécile de Rome quelle ferait du bien par ses écrits, et nous croyons à cette promesse; c’est pourquoi nous utiliserons le plus largement possible l’autobiographie, en la citant telle qu’elle est. Elle a été écrite au courant de la plume et n’a pas été revue, ce qui explique les incorrections qu’elle renferme par-ci par-là.

   Ne se relisant pas, d’ordinaire, en écrivant par obéissance tout ce qui se passait en elle, Mère Sainte-Cécile de Rome s’est souvent répétée, et elle est entrée dans des détails qui rendent parfois un peu fatigante la lecture de son manuscrit.

   Après avoir pris conseil, nous avons tâché de remédier à cela en supprimant quelques répétitions et quelques longueurs. Cependant, nous donnons, à très peu de chose près, toute l’autobiographie.

   Dina Bélanger eut toute sa vie la passion de la vérité  et de la précision, au point d’interrompre parfois quelqu’un pour rectifier, par un terme plus juste, une parole qui venait d’être dite. Elle s’accusait de cela comme d’un défaut; mais on voit que c’était plutôt l’excès d’une qualité, et cela donne à l’autobiographie une valeur exceptionnelle. Tous ceux qui ont connu Mère Sainte-Cécile de Rome ont loué en elle le souci de l’exactitude, l’habitude d’apprécier toutes choses en tenues mesurés et exempts de toute exagération, et cela nous garantit qu’elle nous a bien décrit sa vie intérieure.

   Il nous semble qu’elle a une double mission: une pour les âmes consacrées, et une pour toutes les autres âmes.

   Notre-Seigneur s’est plaint à, elle, avec insistance, de l’insuffisante fidélité des âmes consacrées, — prêtres, religieux et religieuses, — de leur indifférence, de leur tiédeur. Qui osera dire que ces reproches sont immérités?

   Reconnaissons-le loyalement: nous, prêtres, religieux et religieuses, nous nous contentons trop facilement d’une vie régulière et honnête, mais nous sommes loin, en général, de tendre à la perfection, à la sainteté, avec toute la générosité désirable.

   Les paroles dites de nous à Marie Sainte-Cécile de Rome par Notre-Seigneur ne sont que trop vraies; recevons-les, profitons-en, et apprenons de celle qui nous les transmet à mieux suivre le Christ et à vivre dans son intimité, à vivre pour Lui seul, comme il convient à des âmes qui lui sont entièrement consacrées.

   Pensons à ce que signifient ces mots: être entièrement consacré au Christ. Que faire pour mener une vie conforme à cette consécration? Lisons la vie de Marie Sainte-Cécile de Rome et nous le verrons par ses exemples qui peuvent être suivis par tous les prêtres, tous les religieux et toutes les religieuses, car ils consistent surtout dans une attitude d’âme et des dispositions intérieures qui conviennent à tous.

   Au fond, le message qu’elle adresse spécialement aux âmes consacrées est pour toutes les âmes, car toutes sont appelées à la perfection, qui est la plénitude de la vie du Christ en elles.

   Faire place au Christ en nous, laisser sa vie absorber en quelque sorte la nôtre, “ utiliser ” le Christ pour rendre à Dieu, par Lui, une gloire parfaite; offrir le Christ à son Père en nous offrant avec Lui, pour la réparation de tous les pêchés du monde et la sanctification de tous les élus; s’offrir, se donner à Lui pour qu’il achève en nous son œuvre rédemptrice, pour que s’accomplisse en nous ce qui manque à sa Passion, voilà l’idéal que Mère Sainte-Cécile de Rome rappelle au monde.

   Il y a plus de saints qu’on ne s’imagine, mais il n’y en a pas encore assez, parce qu’une foule d’excellentes âmes ignorent trop le mystère du Christ, le trésor inépuisable qu’elles possèdent en Lui, le moyen qu’elles ont, en Lui, de rendre à la Trinité un culte parfait et de satisfaire les plus vastes aspirations qui puissent s’épanouir dans le cœur humain.

   Marie Sainte-Cécile de Rome nous rappelle, suivant l’heureuse formule du révérend Père Alphonse Tremblay, C.SS.R., “notre vocation dans le Christ ”, tout ce que nous sommes appelés à faire par Lui, avec Lui, et en Lui.

   En d’autres termes, elle nous apprend à glorifier la sainte Trinité par le Christ, avec le Christ, dans le Christ.

   Véritablement, le Christ a complété sa Passion en elle et l’a fait participer d’une manière étonnante à son agonie, à tel point que si elle était canonisée, nous rappellerions “la sainte de l’agonie de Jésus“

   Elle a été suscitée par Dieu, nous semble-t-il, pour provoquer dans le monde une réaction contre la piété beaucoup trop superficielle qui sévit de nos jours, et pour montrer aux âmes de bonne volonté le côté profond et essentiel de la religion, trop ignoré d’un grand nombre de chrétiens.

   Et ce qui nous garantit la valeur de son message, c’est la perfection de ses vertus, attestée par tous les témoins de sa vie.

   Sa mission, elle l’a remplie sans se le proposer, sans poursuivre de but déterminé, si ce n’est celui d’être une parfaite religieuse de Jésus-Marie. Elle n’a voulu que cela; et la pratique fidèle de sa Règle, dans toutes les circonstances où elle s’est trouvée, a suffi pour la conduire au point où elle est parvenue.

   Il s’est trouvé des personnes pour dire: “C’est une sainte âme, mais elle ne saurait être le modèle des religieuses: elle a toujours été malade.”

   Nous nous contenterons de demander: “N’a -t-elle pas été novice? N’a-t-elle pas ensuite travaillé et enseigné pendant quelques années? En faut-il tant à une religieuse pour donner la mesure de sa vertu et montrer comment elle observe la Règle?”

   Les communautés sont d’une extraordinaire clairvoyance, et le plus petit manquement à la Règle ne saurait y passer inaperçu.

   Dans le monde, on canonise facilement une personne pieuse, et l’on dit asses vite: “C’est une sainte.” Dans les communautés, c’est bien différent; à cause de la séparation d’avec le monde et de l’absence d’événements, tout est remarqué, et quand les religieux disent d’un confrère qu’on ne l’a jamais vu manquer à la Règle, c’est un témoignage d’une valeur extraordinaire, et, selon nous, pratiquement infaillible.

   Marie Sainte-Cécile de Rome passa quelques années à l’infirmerie et s’y comporta avec la même perfection que dans ses emplois, ce qui, à notre avis, est bien plus difficile que d’être fidèle quand on est en bonne santé.

   L’Imitation de Jésus-Christ nous dit avec raison qu’on se sanctifie rarement dans les longues maladies. C’est encore bien plus vrai pour les religieux, assujettis habituellement à une Règle qui est un joug pour la nature, et exposés, par conséquent, à se relâcher davantage. Nous ne parlons pas ici des points de Règle dont les malades sont évidemment dispensés, comme le lever de nuit, le jeûne, etc., mais des autres prescriptions, comme celle du silence, et des points auxquels les malades restent tenus.

   L’expérience montre que la maladie est, d’ordinaire, pour les religieux, l’occasion de se relâcher en une foule de choses estimées peu importantes. Or, Mère Sainte-Cécile de Rome ne l’a jamais fait, comme nous le montrerons par plusieurs témoignages autorisés.

   Pour qui a l’expérience de la vie religieuse et sait la difficulté qu’il y a à ne pas manquer de temps en temps à la Règle, ne fût-ce que par faiblesse ou par surprise, celle fidélité paraîtra merveilleuse, à peine croyable.

   Nous donnerons à la fin de ce volume un extrait du “ Directoire des Religieuses de Jésus-Marie Chacun pourra le parcourir et constater ainsi que Marie Sainte-Cécile de Rome a réalisé de la façon la plus parfaite l’idéal de sa Mère fondatrice, qu’elle avait en si grande vénération.

   Il nous semble que cette “Vie” est un appel de Dieu aux âmes, et qu’elle en attirera beaucoup dans le chemin de la sainteté.

   Nous croyons aussi que c’est une gloire et une grande bénédiction pour le Canada: Marie Sainte-Cécile de Rome est une des plus belles fleurs de la Nouvelle-France.

   Béni soit Dieu dans ses anges et dans ses saints! St-Benoît-du-Lac, 1er novembre 1933.

I Généalogie de Dina Bélanger

Milieu Natal — Les Premières Années

Origin Du Cantique D’Action De Grâces

II Extraits Du Cantique D’actions De Grâces – Prime Enfance

III Premières Années D’études De six à dix ans (1903-1907)

IV Quelques Témoignages Relatifs À La Naissance Et À L’enfance De Dina Bélanger

V De dix à Douse Ans (1907-1909)

VI De Douse à Quatorze Ans (1909-1911)

VII Quelques Témoignages sur les Années D’études au Couvent de Jacques-Cartier

VIII De Quatorze à Seise Ans (1911-1913)

IX Quelques Témoignages Dina Bélanger à sur le Séjour de Bellevue

X De Seûe à Dix-Neuf Ans (1913-1916)

XI De Seize à Dix-Neuf Ans (suite)

XII De Dix-Neuf à Vingt et Un Ans (1916-1918)

XIII Lettres de New-York

XIV Témoignages de New-York

XVa De Vingt et Un à Vingt-Quatre Ans (1918-1921)

XVb De Vingt et Un à Vingt-Quatre Ans (Suite)

XVI Quelques Témoignages Sur la Vie de Dina Bélanger Durant ses Dernières Années Dans le Monde

XVII Le rôle de la Volonté dans la Vie de Dina Bélanger

XVIII “Jésus-Marie”

XIX Le Postulat (11 août-2 septembre 1921)

XX Au Noviciat (septembre 1921-février 1922)

XXI Au Noviciat (Suite) 15 février-15 août 1922

XXII Au Noviciat (Suite) 15 août 1922

XXIII Au noviciat (Suite)

XXIV Au Noviciat (Suite et Fin) juin-août 1923